Les orgues de France
Béziers, cathédrale Saint Nazaire



Buffet XVII ème - Orgue Jehan de Joyeuse (XVII ème) - Isnard (XVIII ème) - Puget (1869) - Danion (1993)

3 claviers de 54 notes et pédalier de 30 notes. Transmissions mécaniques avec Barker au Grand-Orgue.

Composition :


(A: jeu ancien (XVIIe-XVIIIe s.); CC: Cavaillé-Coll; P: Th.Puget père & fils 1869/1881; N: jeu neuf)

Grand Orgue:

Montre 16’ (A)
Bourdon 16’ (A)
Montre 8’ (A)
Bourdon 8’ (A)
Salicional 8’ (CC)
Gambe 8’ (N)
Gros Nazard 5 1/3’ (P)
Prestant 4’ (A)
Quinte 2 2/3’ (P)
Doublette 2’ (A)
Fourniture II à IV rgs (A)
Grand Cornet V rgs (A)
Bombarde 16’ (P)
1ère Trompette 8’ (P)
2ème Trompette 8’ (P)
Clairon 4’ (P)
Positif:

Montre 8’ (A)
Bourdon 8’ (A)
Kéraulophone 8’ (N)
Unda Maris 8’ (N)
Prestant 4’ (A)
Flûte Allemande 4’ (A)
Nazard 2 2/3’ (A)
Doublette 2’ (A)
Plein-Jeu III à VIII rgs (N)
Trompette 8’ (A)
Cromorne 8’ (A)
Clairon 4’(P)




Récit:

Bourdon 8’ (A)
Flûte Harmonique 8’ (P)
Viole de Gambe 8’ (P)
Voix Céleste 8’ (P)
Flûte Octaviante 4’ (P)
Octavin 2’ (A-P)
Basson-Hautbois 8’ (A, P)
Trompette 8’ (CC)
Clarinette 8’ (N, anches P)
Voix Humaine 8’ (A)
Clairon 4’ (P)





Pédale:

Flûte ouverte 16’ (P)
Flûte ouverte 8’ (A)
Flûte 4’ (P)
Contrebasson 32' (CC)
Bombarde 16’ (P)
Trompette 8’ (P)
Clairon 4’ (P)










Pédales de combinaisons (à cuiller sauf l’expression, dans l’ordre à la console): Tirasses Réc., G.O., Pos. Appels d'anches Péd., G.O., Pos., Réc. Expression à bascule. Accouplements: G.O./G.O., Pos./G.O., Réc./G.O. Tremblant doux Pos. et trémolo Réc.



Historique: Les grandes orgues de la Cathédrale Saint-Nazaire de Béziers ont été construites sous leur première forme en 1623. L’évêque, Mgr de Bonsi, fit alors appel à deux artistes originaires de terres d’Empire : le Bourguignon Guillaume Martois pour l’ensemble du buffet et de la tribune, le Flamand Guillaume Poncher pour la partie instrumentale. Quatre jeux demeurent encore de cet instrument. On peut imaginer l’étonnement des Méridionaux de l’époque devant un instrument d’esthétique flamande, assorti d’un buffet flamand à petites plates-faces et de volets peints, dont on peut encore voir les énormes charnières.
De fait, cet orgue ne dura que peu tel quel et, très vite, on chercha à le «franciser»: le facteur Jehan de Joyeuse à la fin du XVII ème siècle, puis Monturus et Isnard au XVIII ème le transformèrent en un seize-pieds français de quatre claviers et pédale en huit-pieds (la pédale était en seize du temps de Poncher). Ils supprimèrent aussi les volets au profit de volutes latérales. C’est pendant les travaux de ces deux facteurs que le Bénédictin Dom Bedos de Celles, alors à l’abbaye voisine de Saint-Thibéry, vint expertiser l’orgue et tomba en admiration devant les tuyaux de tourelles de la Montre de 16’, jamais démontés depuis 1623: Béziers est, avec Weingarten, le seul instrument à avoir l’honneur d’une description dans son Art du Facteur d’Orgues.
Les travaux du début du XIX ème siècle ne laisseront pas de souvenir marquant: Chambry en 1841 n’était qu’un facteur de second ordre, et Cavaillé-Coll en 1850 ne reçut pas les moyens de ses ambitions. Il fallut attendre 1869 pour que Théodore Puget eut la charge de refondre l’instrument selon l’esthétique romantique. Ramenant l’instrument à trois claviers très différenciés, il eut la sagesse de respecter maints jeux anciens (en particulier au positif): c’est seulement en 1881 que son fils Eugène fera véritablement de cet orgue un représentant de la facture symphonique inspirée de Cavaillé-Coll, encore déforma-t-il très peu la tuyauterie.
Les ajouts et modifications du XX ème siècle ne furent que de détail, de piètre qualité mais heureusement réversibles. L’orgue fut classé Monument Historique. Le respect qu’eurent les Puget du matériel ancien restant, la qualité de ce matériel mais aussi la beauté de celui de Théodore Puget poussa Xavier Darasse, rapporteur, et Jean-Pierre Decavèle, technicien-conseil, à vouloir retrouver la composition de l’orgue en 1869, tout en préservant les jeux d’anche refaits en 1881, puisqu’ils s’incorporaient à merveille dans cet ensemble encore imprégné de classicisme. Cette dernière restauration fut achevée en 1993 par la Manufacture Languedocienne de Grandes Orgues, sous la direction artistique de Georges Danion.
André Isoir et Marie-Claire Alain inaugurèrent l’orgue les 20 et 21 février 1993. Ainsi, l'orgue de Béziers, dans les couleurs chaudes retrouvées de son buffet de noyer, insère-t-il, en une cohabitation harmonieuse typique de l’orgue «de transition», maintes sonorités encore classiques dans une esthétique d'ensemble romantique, recréée avec goût par l'harmoniste Jacques Bertrand.